#RSE
Jeudi 30 janvier 2020
Pour comprendre la situation de la RSE en France en 2025, commençons par quelques rappels sur ce vaste sujet. La RSE, de quoi parle-t-on exactement ? Ce sont 3 lettres pour désigner la notion de Responsabilité Sociétale des Entreprises. Pour mieux saisir ce que cela implique, comprendre son évolution et son histoire est primordial.
En résumé, la RSE vise à intégrer les principes du développement durable aux entreprises ou aux organisations en général (organismes publics, associations, etc.). On entend parfois parler de RSO pour la Responsabilité Sociétale des Organisations.
Avant la RSE, on parlait avant tout de développement durable : « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins » (Rapport Brundtland de l’ONU, 1987). Puis, lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992, l’ONU en a précisé les fondements en définissant les trois piliers du développement durable : économique, environnemental et social. À l’époque, il s’agissait surtout de sensibiliser les États et les grandes entreprises à mieux concilier ces trois dimensions pour faire face à un monde en mutation : raréfaction des ressources naturelles, dérèglement climatique, pression démographique et montée des inégalités.
.
Les origines de la RSE remontent à bien plus loin. Dès le 19ᵉ siècle, des mouvements tels que le protestantisme social ou le socialisme utopique ont jeté les premières bases d’une responsabilité des entreprises envers la société. Des figures comme Andrew Carnegie ou Robert Owen ont illustré cette conception à travers la philanthropie ou la création de modèles coopératifs. Mais c’est en 1953, avec la publication de « The Social Responsibilities of the Businessman » par Howard Bowen, que le terme de Corporate Social Responsibility apparaît pour la première fois de manière formelle.
Durant les années 70 et 80, le débat s’intensifie. Tandis que Milton Friedman affirme que « la seule responsabilité d’une entreprise est de générer du profit », d’autres penseurs comme Archie B. Carroll introduisent une approche multidimensionnelle, intégrant des devoirs économiques, légaux, éthiques et philanthropiques.
Parallèlement, des catastrophes industrielles et environnementales (Bhopal, Seveso, marées noires) accélèrent la prise de conscience sociétale. Les ONG, les citoyens et certains gouvernements poussent alors les entreprises à évoluer.
Dans les années 90, la RSE commence à s’institutionnaliser. Le Sommet de Rio en 1992 marque un tournant international, suivi par la publication du Livre Vert de la Commission européenne en 2001, qui pose les bases de la définition actuelle de la RSE.
En France, la loi NRE de 2001 est la première à imposer aux sociétés cotées de publier des informations sur leur impact social et environnemental. Les lois Grenelle I et II (2007 et 2010) renforcent ces obligations avec la mise en place de reportings extra-financiers.
En 2010, la norme ISO 26000 est publiée, fruit d’un consensus international. Elle propose un référentiel structuré autour de sept questions centrales : gouvernance, droits humains, environnement, conditions de travail, pratiques loyales, protection des consommateurs et contribution au développement local.
En 2015, l’ONU adopte les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), une feuille de route mondiale à horizon 2030. Les entreprises sont désormais invitées à s’aligner sur ces objectifs pour contribuer à la transformation sociétale, environnementale et économique globale.
Depuis 2017, la France impose aux grandes entreprises (plus de 5 000 salariés) un devoir de vigilance sur leur chaîne de valeur, afin de prévenir les atteintes graves aux droits humains et à l’environnement. Ce plan doit être actualisé chaque année.
La loi Pacte de 2019 va plus loin en introduisant la notion de raison d’être dans les statuts des entreprises et en créant le statut d’entreprise à mission.
En 2024, deux directives européennes majeures sont venues renforcer le cadre réglementaire :
En 2025, la RSE ne se résume plus à une démarche isolée ou à une obligation réglementaire. Elle devient un véritable levier stratégique, au service de la résilience, de l’innovation et de l’impact positif.
Les entreprises les plus matures intègrent désormais les critères RSE dans l’ensemble de leur chaîne de décision : sourcing responsable, sobriété énergétique, inclusion sociale, dialogue parties prenantes, gouvernance éthique…
La digitalisation joue aussi un rôle-clé : de plus en plus de structures utilisent des solutions numériques ou l’intelligence artificielle pour mieux piloter leurs indicateurs ESG, automatiser les rapports RSE, cartographier les risques ou mobiliser les collaborateurs.
En conclusion, si la RSE est désormais bien identifiée dans le paysage économique français, son déploiement réel reste inégal. Le cadre juridique s’est structuré, la demande sociétale est forte, les outils existent, mais les défis de transformation restent conséquents.
L’enjeu, aujourd’hui, est d’intégrer la RSE au cœur des modèles économiques, en repensant les finalités des entreprises, leur impact global et leur contribution au bien commun.
Après la prise de conscience, place à l’alignement stratégique, à l’innovation responsable et à l’action mesurable.
L’histoire de la RSE continue à s’écrire, et son avenir dépendra de la capacité collective des acteurs économiques à conjuguer performance, éthique et durabilité.
Auteur : Sébastien COQUARD
Spécialiste de la RSE – Dirigeant de RSE ATTITUDE –
Formateur Campus IEQT Vichy
L’IEQT, Ecole de Management des Risques et de la performance QSE, se tient à votre disposition pour toute demande de renseignement. Une question précise ? Contactez-nous.
Nous contacterLe management a ses gourous, ses modes, ses codes, sa sémantique, et le recrutement qui en est une des composantes, n’échappe pas à cette règle.
En savoir plusIl ne s’agit pas d’un hasard de calendrier. En octobre dernier, l’European Foundation for Quality Management (EFQM) a dévoilé son modèle 2020 qui prend en compte et structure de nouveaux critères d’évaluation en phase avec les grandes tendances du monde du travail : manager la diversité démographique et sociale, l’autonomisation et l’entreprise libérée, l’essor de la technologie et du digital, etc.
En savoir plusExcellent, j’adore, superbe, magnifique, brillant, … quelques superlatifs pour donner le ton et rappeler que l’excellence donne du bonheur et de l’optimisme ce que chacun cherche dans sa vie personnelle et professionnelle.
En savoir plus